:oops: Un ange m'a convaincu de publier...alors voilà :
La sonnerie de mon portable me tire de mes rêveries. C’est Elle. Nous avons commencé le décompte des minutes par textos. Je lis « 10 minutes » et mon cœur manque un battement. Après un rapide coup d’œil dans le rétro pour vérifier ma coiffure, je sors de ma voiture et allume une cigarette. Je suis dans un tel état d’impatience et de nervosité que la première bouffée me fait tourner la tête. Bien évidemment dans cette grande ville, impossible de se garer, je suis donc sur la file réservée aux taxis mais qu’importe, je n’aurai manqué son arrivée pour rien au monde.
Elle. Ma nana comme j’aime l’appeler. Rencontrée trois mois plus tôt par le biais d’internet. Une rencontre fortuite de deux âmes perdues. D’abord chacune était l’oreille attentive de l’autre sur une question identitaire commune. Nos vies se sont croisées à ce moment, où chacune dans notre couple une femme est venue envoyer valser les codes sociaux et familiaux durement ancrés. Ces femmes qui ont été nos déclencheurs respectifs je les remercie, même si tout n’est pas aussi simple. De paroles bienfaisantes en longues phrases de réconfort, de points communs en visions similaires et nous nous sommes rapprochées, comme aimantées l’une à l’autre. Un amour discret, qui s’est construit presque à notre insu jusqu’au jour où tu te dis « je ne l’ai jamais vue, mais elle me manque », où chaque texto fait battre ton cœur plus fort, où quelques mots provoquent une vague de désir.
Confirmer le virtuel par le réel. A priori simple mais aussi totalement arbitraire. Ça passe ou ça casse.
Je jette ma cigarette, farfouille mon sac à la recherche d’un chewing gum, sait-on jamais. En pilotage automatique je descends dans le cœur de gare, regarde le tableau des arrivées et je cherche la voie 43. Je repère où son wagon va s’arrêter et je m’appuie à un poteau, de peur de tomber sous l’émotion. Je suis fébrile, j’envoie un texto à une copine qui me dit que tout va bien se passer… ah la solidarité féminine ! Le train s’arrête, doucement, trop doucement à mon goût. Les portes s’ouvrent et je la cherche du regard, à droite, à gauche mais je ne vois qu’une marée humaine. N’y tenant plus, je compose son numéro, elle décroche et là, je sens quelque chose sur ma droite, inexplicable. Elle est là, à peine à 10 mètres de moi. Brune, yeux bleus, elle est tout simplement magnifique. Je lui tends mes bras, enfin je crois, et on se serre fort, sans un mot. Cette bulle bien être dont on parlait souvent, nous y sommes. Les gens nous frôlent, nous glissent des regards mais rien ne nous atteint. Elle commence à desserrer son étreinte mais je ne suis pas prête à quitter ses bras. Je respire sa peau à pleins poumons, légèrement vanillée. Enfin, on prend le temps de se regarder ou plutôt elle le fait, j’ai beaucoup de difficultés à la regarder dans les yeux. Ni une ni deux, je lui saisis la main et nous sortons de la gare où la fraicheur nous fait du bien. Nous montons dans la voiture et d’un coup l’intimité est présente, réelle. Je me penche pour l’embrasser. Ses lèvres sont encore plus douces que je ne l’avais imaginé !
Je démarre direction le centre-ville, l’hôtel que j’ai réservé n’est pas encore ouvert, il nous faut patienter et nous réchauffer. Main dans la main, on se pose dans un café connu mais pas trop exposé et commandons 2 chocolats chauds. Ses yeux brillent, elle ne le sait pas mais je vois dans ses yeux tout ce qu’elle n’ose pas dire, préférant m’écouter. Je lui raconte des bribes de ma vie, je veux qu’elle fasse partie de moi et je ne suis pas née aujourd’hui, j’ai eu une vie avant, j’ai une vie actuelle et j’aime qu’elle en fasse partie. Elle fait l’effort de parler mais ses yeux me disent autre chose. Et mon Dieu que j’aime ses yeux !! Je regarde ses mains aussi, je détaille son beau visage. On ne peut empêcher nos mains de se toucher, je crois qu’elle comme moi avons besoin d’une proximité physique, ne faire qu’une.
Un petit tour dans un magasin qu’elle adore, je n’ai pas mieux pour encore patienter. Enfin si, une balade dans un parc que je connais bien. Vu le temps, les chemins sont impraticables, je suis un peu déçue mais tant pis le magasin fera l’affaire.
Boum. Mon cœur me rappelle à l’ordre. La femme que tu aimes est là, à 30 centimètres de toi, tu es garée, personne aux alentours. Je me penche pour un nouveau baiser, elle me le rend avec une ferveur nouvelle, je ne pense plus, ne respire plus, je ne pense qu’à elle. Les mains sont fébriles et semblent vouloir plus. Mais, sans une parole, nous nous comprenons et faisons preuve de patience. La chanson s’arrête, et nos lèvres se séparent non sans regrets.
Hôtel. Parking. J’aperçois la réception. Bouffée de panique je ne peux pas rentrer. Je fume une cigarette et je me détends. Je donne mon nom à la réceptionniste qui me confirme ma réservation. Elle se met en quête de chambres disponibles sur son ordinateur qui semble t’il tourne au ralenti. Ma femme me presse le bras et me souffle, enfin involontairement à voix haute : « Vite je n’en peux plus ». J’étouffe un rire, reprend un visage sérieux et remercie la (jolie
) réceptionniste. Je marche au ralenti, loupant l’ascenseur bien visible.
Carte. Porte. Verrou. Enfin seules. Elle est près de la fenêtre et observe la vue qui n’en est pas une. Je me glisse derrière elle et mon cœur se remet à battre la chamade. Elle se tourne vers moi et pose ses lèvres sur les miennes. C’est une sensation délicieuse dont je ne pourrais me lasser.
Nous glissons vers le lit et tout se fait à peu près naturellement, beaucoup plus que je ne l’aurais pensé. Elle pensait, avant que l’on se rencontre, qu’il faudrait plusieurs rendez-vous pour être à l’aise, pour discuter librement et puis pour le reste aussi. Ça me semble tellement juste, tellement vrai. Enfin je suis moi. Je suis prise d’une violente émotion qui me fait avoir les larmes aux yeux, elle ne dit rien et essuie mes larmes en souriant. Si j’étais cardiaque ça aurait été mon dernier souffle. Pour être à l’aise, on est à l’aise… C’est bon, intense, magique, surprenant. Je ne me reconnais pas, j’accepte son regard sur mes formes qui me font honte, je me surprends à la regarder dans un moment particulier. Une vraie première fois.
Tant pis pour le restaurant romantique le midi, on ouvre les yeux il est 14h30. Autant profiter, le temps file vite trop vite… On discute, on se dit de beaux mots, on se couvre de tendresse, elle dort dans mes bras. Ça c’est magique, j’ai le bras en miettes mais pour rien au monde je ne bougerai…Sommes dans un peau à peau merveilleux. Elle s’éveille, on fait l’amour encore et encore. On a des têtes de déterrées, on part dans un fou rire. Puis l’heure approche, il faut rendre la chambre. On se rhabille, j’ai bien envie de la déshabiller à nouveau mais elle se fait voix de la sagesse.
On discute dans la voiture direction la brasserie pour un verre et un repas, nous sommes affamées. L’ambiance est chargée de tristesse, je commence à me sentir mal. Le corps et l’esprit ne font qu’un, mon cœur a mal et me le fait sentir. Je suis prise de violentes douleurs un peu partout, ma chérie s’inquiète, j’essaie de la rassurer. Ses quelques larmes me brisent le cœur mais je dois être forte pour nous deux, alors je fais ce que je sais faire le mieux : la faire rire. La tristesse nous coupe la faim, le temps joue contre nous de toute façon.
Le trajet vers la gare est plutôt silencieux, je savoure sa main sur ma cuisse, en sachant que ce contact est le dernier avant longtemps. On trouve la voie, le train est déjà là. On s’embrasse, je prends son visage dans mes mains et je lui murmure « c’est toi et moi ». Je ne veux pas qu’elle s’en aille, j’ai envie de pleurer, d’hurler, d’insulter ceux qui nous dévisagent. Mais c’est dur pour elle aussi alors je me contente de sourire, de mettre mon masque « tout va bien ». J’ai envie d’être protectrice, rassurante avec elle.
Elle monte dans le train, un peu rapidement à mon goût. On se texte, à quelques mètres l’une de l’autre. J’ai mal. Démarre foutu train, je veux pouvoir lâcher ces larmes qui me brulent les yeux. Le train se met en marche, je vois ses yeux aussi tristes que les miens.
A très vite mon amour, je te le promets.